Anne-France Brunet, Députée de Loire-Atlantique “Police-justice : des moyens et du soutien”

Anne-France Brunet, Députée de Loire-Atlantique "Police-justice : des moyens et du soutien"

Anne-France Brunet, députée de la troisième circonscription de Loire-Atlantique, demande plus de moyens pour la police et la justice, après avoir constaté “sur le terrain ce qui ne fonctionne pas ou plus” pendant une journée immersion avec des BST.

Tribune

“Je perçois une recrudescence de la violence sur Nantes et sa proche banlieue, constat partagé avec ma collègue députée Valérie Oppelt.

J’ai voulu voir sur le terrain ce qui ne fonctionne pas ou plus et suivre, durant une journée des BST (Brigades Sécurité Terrain) des commissariats de Chantenay et de Saint Herblain. Bien m’en a pris.

Pas de moyens et une justice à la limite de la saturation.

Soyons clair, ce n’est pas d’aujourd’hui, c’est une succession de décisions au détriment de…

Pas de moyens, et ce à tous niveaux. Des effectifs en baisse constante, j’en veux pour preuve Saint Herblain avec 81 policiers au début des années 2000 et 60 en 2021. On notera au passage l’augmentation de la population herblinoise de façon inversement proportionnelle sur cette même période.

Pas de moyens matériels au commissariat de Chantenay par exemple, le groupe Police Judiciaire partage un véhicule avec un autre groupe soit un total de 14 à 16 personnes. Notons que ce véhicule sert à la PJ pour les différents transferts de pièces ou de détenus.

Des bureaux pour ces mêmes officiers bien en dehors des normes sanitaires imposées et des locaux de dépôt de plaintes à la limite de la confidentialité.

Pas de moyens « techniques » non plus… 2 chiens malinois à la brigade cynophile pour couvrir un territoire allant de Nantes à Lorient. Autant dire que leur aide, nécessaire à la recherche de stupéfiants dans des caches improbables que seuls ces chiens peuvent flairer, se négocie âprement. Pourtant leur efficacité et leurs résultats sont reconnus.

Pas de moyens humains, c’est d’abord peu de présence physique. Difficile quand on porte l’uniforme de se déplacer à 2 ou 3 dans un environnement hostile.

Pas de présence, cela signifie une détérioration du lien avec les habitants des quartiers, pas d’échange, ou si peu. Est-ce normal que les BST sortent de leurs véhicules avec des grenades de désencerclement alors que l’on parle juste d’une patrouille quotidienne ? La tension est palpable, le moindre faux pas compte double.

Le système est enrayé. La résultante c’est cette violence au quotidien qui devient presque familière.

Tout s’enchaîne. Pas de policier et les trafiquants s’implantent. On voit des guetteurs un peu partout, des jeunes adolescents.

Arrestation, début de casier judiciaire, ils ont 12, 13, 15 ans. Ils ne risquent rien, ils le savent. La justice est impuissante, coincée aux entournures face à ces jeunes délinquants, caïds de demain.

Cette justice, face aux mineurs, n’est pas répressive, ni même punitive. C’est une justice débordée, qui n’a plus les moyens de faire front.  Maillon incontournable de ce retour à la sécurité, il faut aussi la soutenir. Les 8% d’augmentation de budget votés pour le PLF 2021 y suffiront-ils ?

Les EPM (établissements pénitentiaires pour mineurs de 13 à 18 ans) ouverts depuis 2007 sont au nombre de 6 sur le territoire national. A Nantes, l’EPM comme les autres, propose 60 places. Soit un total national de 360 places. Cela peut paraitre conséquent pour des mineurs, c’est au final bien insuffisant.

La justice se doit de prendre en compte l’âge de ces délinquants et c’est normal, mais en les relâchant presque systématiquement, quel message envoie-t-on ?

La justice se doit de prendre en compte l’âge de ces délinquants et c’est normal, mais en les relâchant presque systématiquement, quel message envoie-t-on ? A la victime d’abord, une plainte justifiée est classée sans suite faute de moyens répressifs. Aux policiers qui passent leur temps à courir après les mêmes pour instruire des dossiers en pure perte et enfin aux autres jeunes de ces quartiers dits sensibles, convaincus d’une quasi-impunité.

Il faut doter les BST, car c’est par eux que la sécurité de nos quartiers passe. Ce sont eux qui sont en première ligne, qui peuvent encore corriger le tir, rassurer, échanger et surtout au final qui sont les régulateurs de cette délinquance quotidienne.

C’est pourquoi je leur ai promis de porter leurs doléances, déjà connues certes, auprès des ministères concernés. Je demanderais aussi des explications notamment à la préfecture de Nantes sur les effectifs « fantômes » de la PSQ (Police Sécurité de Quartiers) qui font cruellement défaut dans ces commissariats.”

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