Législatives : La 10e circonscription dans le vignoble nantais (interviews)

Les 30 juin et 7 juillet 2024, les électeurs se rendront aux urnes pour des législatives anticipées. Dans la 10e circonscription, la députée sortante Sophie Errante (Renaissance-Majorité Présidentielle) se représente. Maxime Viancin (LFI-Nouveau Front Populaire), Stéphanie Cotrel (Rassemblement National) et quatre autres candidats sont en lice dans le vignoble.

En 2022, Sophie Errante qui briguait un 3e mandat remportait l’élection législative dans la 10e circonscription de Loire-Atlantique avec 56,52 % des suffrages contre 43,48 % pour Bruno Cailleteau (LFI-NUPES). La Députée sortante (Renaissance-Majorité Présidentielle) est candidate à sa réélection. Maxime Viancin (LFI) porte les couleurs du « Nouveau Front Populaire ». Le Rassemblement National a désigné Stéphanie Cotrel. Quatre autres candidats participent à cette élection dans cette circonscription comprenant les cantons d’Aigrefeuille-sur-Maine, Clisson ou encore Vertou.

Sophie Errante Députée sortante, candidate Renaissance-Majorité Présidentielle “Avec cette candidature, je propose aux citoyens d’élire une députée connaissant bien sa circonscription” suppléant : Jean-François Gendron

Photo Sophie Errante

Vous êtes candidate à votre réélection, avez-vous hésité ?

« Pas plus de quelques minutes, le temps que j’assimile la décision du Président de la République puisque je l’ai découverte comme tous les Français. Le moment est particulièrement grave, je ne me suis pas posé la question. »

Quels sujets défendez-vous pendant cette campagne ?

« C’est la première fois que les citoyens vont élire les députés qui siègeront à l’Assemblée Nationale sans qu’il n’y ait eu d’élection présidentielle préalable (depuis la dernière dissolution en 1997 sous le mandat de Jacques Chirac, ndlr). On va peut être se pencher un peu plus sur les personnalités. Je vais forcément défendre ce que je fais, ma méthode et ce que j’aimerais porter si je suis réélue, si les citoyens de ma circonscription me redonnent leur confiance. 

Avec cette candidature, je propose aux citoyens d’élire une députée connaissant bien sa circonscription, le travail parlementaire et qui sait être un facilitateur lorsqu’il y a divers questionnements par les citoyens vivant dans les communes de notre circonscription. Mon travail de parlementaire est entre le territoire de la circonscription et le national, et puis dans la relation avec toutes les institutions. 

Des citoyens sont inquiets de ce qui pourrait advenir après cette nouvelle élection. Dans un moment chahuté qui les percute, perturbe, questionne et peut leur faire un peu peur. Je défends ma candidature comme étant rassurante. J’ai mis en place des vidéos courtes sur Youtube pour expliquer mon rôle de député, j’organise une réunion publique mercredi à Vertou (Kiosque du Loiry à 19h30)

Et pour votre territoire ?

« En 2022, j’ai obtenu un mandat de cinq ans donc fatalement en deux ans je n’ai pas terminé les engagements que j’avais pris. Le premier point, c’est le versement à la source. On a déjà mis en place le versement des pensions alimentaires suite à des jugements par l’Etat mais je veux aller plus loin. Aujourd’hui, j’entends souvent qu’il y a des citoyens qui n’ont pas les aides auxquelles ils ont droit et que par contre en face on a une fraude aux aides. 

Le projet que je défends, que je porte et déjà en expérimentation dans quelques départements, c’est le versement à la source permettant de lutter contre le non-recours, c’est-à-dire les personnes qui n’ont pas accès à leurs droits et contre la fraude. C’est de la simplification et de la justice pour nos citoyens. Dans le cadre de ce que nous vivons aujourd’hui avec une tension sur le pouvoir d’achat, c’est une des réponses, donc j’aimerai finir ce projet sur cette simplification qui me tient à coeur »

Dans quel état d’esprit êtes vous à l’approche du 1er tour ?

« Je suis combative parce que je pense que rien n’est perdu et surtout pas l’avenir de mon pays, il est hors de question que je sois défaitiste. Je reste optimiste sur ma circonscription mais quand même inquiète sur la situation du pays au lendemain des élections. »

Stéphanie Cotrel, candidate Rassemblement National, “Je fais confiance aux électeurs, comme je le dis toujours ce sont les urnes qui parlent” suppléant : Enzo Audrain

Photo Stéphanie Cotrel

Qu’est-ce qui a motivé votre candidature ?

« Petite, mon grand-père m’a donné cette culture de la politique avec des politiciens qui faisaient de la politique pour la faire vivre et non pour en vivre. Je suis arrivée à Rezé en 1998 et j’ai voulu m’impliquer pour ma ville. Lors des élections municipales de 2014, j’ai décidé de proposer ma candidature sur la liste du Maire de Rezé Gérard Allard. Même si je n’ai pas des idées de gauche, le programme pour ma ville me correspondait. J’avais ma carte à l’UMP mais comme il y a eu des primaires afin de déterminer le candidat aux municipales, j’ai pris ma carte au PS. Gérard Allard a été élu avec 28 sièges, j’étais en 32e position. Il y a eu des départs et je suis entrée au Conseil Municipal en 2016. Ensuite, j’ai été attachée parlementaire en 2017 d’Aude Amadou, on m’a demandé de rendre ma carte, j’ai commencé à vivre un mandat un peu différent parce qu’il y avait eu une incompréhension. J’ai donné ma démission à la mairie de Rezé en 2019 puisque je n’étais plus en accord avec la ligne de conduite du Maire. 

Avec la transformation malheureusement de notre pays qui engendre ce climat dans lequel nous sommes aujourd’hui, je me suis rendue compte que le seul parti en capacité de répondre aux besoins de la France était le Rassemblement National. Ce n’est pas moi qui ai changé, c’est la France qui change et ne correspond pas à la France dans laquelle je me sentais bien, en sécurité, qui porte ses valeurs patriotiques. J’ai décidé de me réinvestir et mon investiture a été validée par le Rassemblement National. »

Quels sujets défendez-vous pendant cette campagne ?

« Ce qui me motive, ce qui est la priorité, ce sont la sécurité, le pouvoir d’achat avec ce que dit Jordan Bardella sur le fait d’apporter une respiration importante, immédiate par rapport à la TVA sur les carburants et sur l’électricité. Et puis évidemment l’immigration »

Et pour votre territoire ?

« Les déserts médicaux, Jordan Bardella y répond très bien, il propose aux infirmières et aux médecins qui sont en retraite de pouvoir éventuellement reprendre une activité, ce revenu qu’ils auront ne sera pas imposable en cumul par rapport à la retraite. C’est aussi accompagner les agriculteurs et les viticulteurs, répondre aux besoins de transport puisque la 10e circonscription est très étendue, c’est oeuvrer avec le programme de Jordan Bardella et l’appliquer au local. »

Dans quel état d’esprit êtes-vous à l’approche du 1er tour ?

« Je fais confiance aux électeurs, comme je le dis toujours ce sont les urnes qui parlent. Je pense qu’aujourd’hui la mesure de la situation est certainement comprise, je ne vais pas dire par une majorité, mais je fais confiance au sursaut républicain et citoyen des Français, de la prise de conscience par rapport à l’état dans lequel est notre pays pour faire le bon choix lors de ce premier tour déjà.

Maxime Viancin, candidat LFI-Nouveau Front Populaire “On sent une énergie sur le terrain qui se déploie et c’est très plaisant” suppléante : Aurélie Arquier

Photo Maxime Viancin

Qu’est-ce qui a motivé votre candidature ?

« J’étais candidat aux Elections Européennes pour la liste de Manon Aubry (LFI) sur le département de la Loire-Atlantique. Je suis militant de la France Insoumise depuis sa création et quand la dissolution a été prononcée, il était absolument hors de question, pour moi, de ne pas prendre une place importante dans la campagne qui s’annonçait, donc j’étais prêt à être candidat ou ne pas l’être. Sur la 10e circonscription (Bruno Cailleteau LFI-NUPES, ndlr), qui était candidat la dernière fois ne souhaitait pas y retourner pour des raisons de santé. Il a fallu trouver une candidature de remplacement et on me l’a proposée. Je pense que mon expérience de militant politique, de toutes les fois où j’ai été candidat, ça va être déterminant pour le résultat sur la 10e qui fait partie des circonscriptions pouvant basculer à gauche. »

Quels sujets défendez-vous pendant cette campagne ?

« Le service public, c’est la République dans les faits, que l’on soit au fin fond du vignoble nantais, dans les outre-mer ou en Seine-Saint-Denis, on est censé avoir accès de la même manière à une instruction publique, la santé, la justice. C’est un sujet fondamental dans cette période où l’on voit des inégalités qui se creusent.

Un sujet pollution et le modèle agricole que l’on défend, le modèle d’auto-suffisance alimentaire, de développement on veut pour notre agriculture et ce qui peut être soutenable pour l’environnement. »

Et pour votre territoire ?

Les mobilités puisqu’il y a une part encore plus importante que la moyenne nationale de gens qui ont besoin de leur voiture pour se rendre au travail, donc le blocage du prix des carburants et aussi de l’énergie se pose.

Le logement, c’est un sujet global à l’échelle nationale mais particulièrement prégnant dans la 10e circonscription, il y a beaucoup de gens qui souhaitent s’éloigner de Nantes Métropole pour avoir de meilleures conditions de vie et l’accès au foncier et l’accès aux logements publics sont de plus en plus difficile. On porte un plan de construction de logements publics à l’échelle nationale pour de 200 000 par an pendant cinq ans et un plan de rénovation énergétique des bâtiments pour transformer des passoires thermiques en logements viables »

Dans quel état d’esprit êtes vous à l’approche du 1er tour ?

« Un esprit de conquérant, ce qui est vraiment génial dans cette campagne c’est que l’on a un afflux de militants, de gens qui ont envie de s’engager, qui prennent la mesure de ce qui se passe politiquement dans le pays. Des militants politiques, syndicaux, associatifs et une foultitude de gens qui ne sont pas militants. En neuf jours de campagne, 200 personnes se mobilisent sur le terrain. Lors de notre réunion publique à la Haye-Fouassière il y avait entre 200 et 250 personnes. On refait une réunion mercredi à Saint-Julien-de-Concelles (Salle de la Quintaine à 20h). On sent une énergie sur le terrain qui se déploie et c’est très plaisant  »

Xavier Rineau, candidat Les Républicains, suppléante : Agnès Paragot

Xavier Rineau, adjoint au Maire du Pallet a été investi par les Républicains. « Conseiller communautaire, il appréhende toutes les facettes de l’élu de proximité et sait aussi prendre la mesure des décisions à plusieurs et débattre » est-il précisé dans la présentation de son binôme.

Bruno Chevalier candidat Gauche Républicaine, suppléant : Dominique Renoux

Jacques Cousin, candidat Debout la France, suppléant : Bertrand Ventroux

Emmanuèle Gardair candidate Lutte Ouvrière, suppléant : Clément Heuzé

Pour la candidate Lutte Ouvrière, se présenter lui permet de « faire entendre le camp des travailleurs ». Emmanuèle Gardair veut « affirmer la nécessité que par nos luttes collectives, nous imposions que les salaires, les pensions, ls retraites et les allocations augmentent tous les mois pour suivre l’inflation ».

Propos recueillis par Céline POLLET

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