Karine Paviza est Maire de Geneston et Conseillère départementale en Loire-Atlantique. Elle vient de succéder à Rodolphe Amailland à la Présidence de l’Association des Maires du Vignoble nantais. L’élue veut faire vivre un réseau et fédérer les 32 autres maires autour des défis qu’ils ont en commun. Elle souhaite également les accompagner face à la violence touchant les élus, Karine Paviza ayant elle-même subi une agression à l’été 2024. Interview.
Vous venez d’être élue à la tête de l’association des Maires du Vignoble nantais, pour quelles raisons avez-vous décidé de vous présenter ?
Je suis oenologue de métier donc c’est un territoire qui m’a toujours attiré, que je connais. J’avais envie de créer un réseau supplémentaire dans ce groupement. Rodolphe Amailland (Maire de Vertou et Président de l’Association des Maires de France en Loire-Atlantique) a fait un excellent travail en nous réunissant régulièrement sur des thématiques très nationales, sur le ZAN (Zéro Artificialisation Nette), les pompiers, les gendarmes. Je souhaitais mettre ma patte, je suis fédératrice et je voulais créer un réseau avec les maires du vignoble sur ce qui concerne le territoire et créer du lien. Je me sentais capable d’y aller, c’est un challenge, ce sont des maires et un territoire que j’adore.
Quelles sont les spécificités du vignoble nantais ?
L’agriculture c’est-à-dire le maraîchage, le vignoble. Il y a aussi beaucoup d’économie, de culture. Le Hellfest rayonne partout, on ne parle que de Clisson et je trouve que l’on devrait travailler ensemble afin d’amener notre population encore plus vers des manifestations. Il y a énormément de patrimoine, le Château de Clisson, le domaine de la Garenne-Lemot, le Zoo de la Boissière du Doré. C’est un territoire très attrayant et le vignoble nantais attirerait encore plus si on axait tous dans le même sens pour pouvoir faire connaître ce lieu magique. J’y ai passé mon adolescence et ma vie d’adulte, mes enfants y sont nés. Il y a tout pour tout âge.
Vous souhaitez fédérer en impulsant un réseau, quelles sont vos priorités en tant que Présidente ?
Trois grandes priorités que l’on peut mettre en place dès 2025. Le ZAN, dans du pratico-pratique, afin de savoir comment on fait dans nos collectivités, la densification est vraiment un sujet pour notre population. On a tous des compétences à partager.
Je pense aux élections municipales. Que l’on se représente ou non, on est encore Maire, je trouve que l’on a énormément de choses à mettre en place sur ce que l’on peut faire en tant qu’élu quand on se présente, plutôt que de perdre du temps, on pourrait s’entraider, faire intervenir un collègue montrant à la population que ce projet est viable.
On a tous la même problématique du contexte financier avec des partenaires comme l’Etat, la Région, le Département qui sont en grande difficulté et baissent nos subventions. On est en train de repousser nos projets voire les annuler, il faut se questionner sur ce que l’on peut faire pour trouver plus d’aides et d’idées ensemble afin de continuer nos projets.
Toute commune qu’elle soit petite ou grande est concernée. On a tous les mêmes problématiques et responsabilités. C’est indispensable de créer ce réseau sur ces trois grandes axes plus ceux mis en place par Rodolphe Amailland, je veux amplifier ce qu’il a fait.
Les édiles se disent préoccupés notamment par les lourdeurs administratives et la violence qu’ils peuvent subir, dans quel état d’esprit les maires de votre territoire sont-ils ?
On sent que tous ont une sensation qu’ils ne sont pas entendus, il faut que l’on puisse se faire entendre, le nombre fera la force. Au sujet de l’agression des élus, je suis la première concernée. L’année dernière, un homme a essayé de me poignarder à la fête de la musique, malade il ne peut pas être reconnu responsable de ses actes et est désormais accompagné pour se faire soigner. Ce n’est pas simple, les gendarmes font un travail formidable. J’ai beaucoup échangé avec mes collègues maires pour avoir leurs avis, leurs soutiens.
L’AMF 44 nous accompagne quand on va au tribunal, elle est un relais très important sur ces sujets. Il est important d’en discuter avec des collègues, dire ce que vous avez ressenti. Avoir une montre à porter pour être joignable en permanence par les gendarmes et les services de l’Etat, faire mettre une caméra chez vous, ce sont des choses qui peuvent paraître anodines et simples mais on rentre dans votre intimité. Je pense que toute personne subissant une agression doit avoir le choix de communiquer ou non et de pouvoir échanger. Je veux être présente si les maires, les adjoints, conseillers municipaux ont envie d’en parler.
Vous êtes la 2e femme élue à la présidence d’un groupement de maires en Loire-Atlantique, quel regard portez-vous sur la place des femmes en politique ?
L’AMF est une association très moderne, avoir des femmes dans l’exécutif ne pose pas de problème. Etre une femme c’est sans doute amener quelque chose de différent mais on a tous les mêmes compétences, on est capable de faire la même chose, que l’on soit un homme ou une femme.
Je ne me suis pas présentée sur le principe que je sois une femme mais sur le principe que je sois une Maire ayant envie de s’investir.
En tant que nouvelle présidente, quelles seront vos premières actions dans les prochaines semaines ?
Refaire une assemblée générale extraordinaire début avril car l’élection du bureau actuel a été faite très rapidement après la démission de Rodolphe Amailland. Je veux que chacun trouve sa place, savoir si toutes les personnes veulent y rester et si d’autres veulent y entrer. Nouvelle Présidente, nouvelle façon de faire.
Photo : Karine Paviza