Législatives anticipées : Tour d’horizon dans la 8e circonscription (interviews)

Des élections législatives ont lieu les 30 juin et 7 juillet 2024. Dans la 8e circonscription, Matthias Tavel Député sortant (LFI-NUPES) se représente. 5 autres candidats sont en lice. Parmi eux, Gauthier Bouchet pour le Rassemblement National et Audrey Dufeu est candidate Renaissance. 

Dans la 8e circonscription dont le périmètre se compose de Saint-Nazaire ou encore du canton de Savenay, Matthias Tavel (LFI-NUPES) recueillait 54,45 % des suffrages au second tour des législatives 2022 contre 45,55 % pour Audrey Dufeu alors députée sortante (majorité présidentielle). Matthias Tavel repart sous la bannière « Nouveau Front Populaire » et Audrey Dufeu pour Renaissance. Gauthier Bouchet du Rassemblement National déjà engagé en 2022 est à nouveau candidat. A gauche, Xavier Perrin veut tirer son épingle du jeu, il ne s’est pas allié avec l’alliance du NFP et est soutenu par le Maire de Saint-Nazaire. Florence Beuvelet se présente pour Les Républicains et Eddy Le Beller pour Lutte Ouvrière.

Matthias Tavel, Député sortant, candidat LFI) Nouveau Front Populaire “Je suis le candidat de l’unité de la gauche et de l’unité de la France face à ce qui la divise“, suppléante : Christelle Ardouin

Photo Matthias Tavel

Vous vous représentez, qu’est-ce qui a motivé votre candidature ?

« La dissolution provoque des élections dans un délai très court et amène selon moi à aller vers l’efficacité la plus grande, c’est-à-dire la reconduction des députés sortants de gauche  Il faut que l’on gagne ces élections, notre ambition c’est de gouverner le pays. Depuis deux ans, j’ai fait un gros travail sur la circonscription de Saint-Nazaire qui  me rend parfaitement légitime pour continuer à mener ce mandat si les électeurs le décident.

Quels sont les sujets que vous souhaitez mettre en avant durant cette campagne ?

« L’abrogation de la retraite à 64 ans, il nous a manqué neuf voix à l’Assemblée Nationale pour la mettre en échec il y a un an. Nous avons l’occasion d’aller gagner démocratiquement par les urnes avec une majorité du Nouveau Front Populaire qui annulerait dès les premiers jours les décrets de cette réforme et après l’ensemble de la loi.

Le pouvoir d’achat. On voit sur un territoire populaire comme Saint-Nazaire des travailleurs ou retraités qui n’arrivent pas à boucler les fins de mois et donc le blocage des prix de première nécessité dans l’alimentation ou l’énergie, la hausse du Smic, l’indexation des salaires, des pensions sur les prix. Répondre à une urgence sociale pour permettre aux gens de vivre dignement.

Rétablir l’impôt sur la fortune afin d’investir dans la transition écologique ou dans les services publics. On l’a vu avec la menace de fermeture d’un bureau de poste à Donges que nous avons pu empêcher, des fermetures de classes, des difficultés à l’hôpital ou au tribunal. Ça demande de l’argent, il faut aller le chercher dans les grandes fortunes des millionnaires, les superprofits des entreprises. »

Avez-vous aussi des sujets prioritaires pour votre territoire ?

« L’éolien en mer qui fait la fierté de cette circonscription avec le premier parc éolien inauguré et directement menacé, d’abord par le retard pris dans la planification sous le quinquennat de Monsieur Macron et aussi le programme du RN qui veut tout bonnement arrêter cette filière ce qui reviendrait à mettre au chômage plus de 1000 personnes. Au vu de l’urgence, la nécessité et la menace qu’il y a sur cette filière, je pense que les Nazairiens et Nazairiennes ont intérêt à garder un député qui soit directement actif et au fait de ce sujet.

La désertification médicale, il y a besoin d’un changement de logique à l’échelle du pays avec des centres de santé municipaux qui doivent être beaucoup plus accompagnés par l’Etat et puis la régulation de l’installation des médecins. Il y a eu une proposition de loi transpartisane déposée l’année dernière à l’Assemblée avec des députés de presque tous les bords mais les députés macronistes dans leur grande majorité et l’ensemble des députés du Rassemblement National l’ont rejetée.

Dans quel état d’esprit êtes-vous à l’approche du 1er tour ?

« Combatif, nous avons réussi avec le Nouveau Front Populaire à nous rassembler pour empêcher la victoire de l’extrême-droite très dangereuse d’un point de vue raciste, sexiste, homophobe mais aussi pour tourner la page démocratiquement de l’injustice sociale et fiscale que le macronisme a répandu et que Jordan Bardella propose de continuer puisqu’il ne veut plus par exemple abroger la réforme des retraites. 

Très positif avec l’espoir que l’on puisse gagner, avoir une majorité. Je suis le candidat de l’unité de la gauche et de l’unité de la France face à qui ce qui la divise, c’est cet état d’esprit qui m’anime.”

Gauthier Bouchet, candidat Rassemblement National “C’est un enjeu historique et pas simplement politique” suppléant : Adam Chauvel-Huz 

Photo Gauthier Bouchet

Qu’est-ce qui a motivé votre candidature ?

« La situation politique et historique exceptionnelle qui fait que nous avons ces élections législatives anticipées. Ayant été candidat en 2017 et 2022 sur ce territoire où je vis, où je suis implanté, il m’a semblé normal et aussi pour le mouvement de repartir pour cette 3e campagne. Je suis responsable du parti au niveau départemental, je montre l’exemple en étant candidat, je n’ai pas vraiment eu d’hésitation. Je pense que ce territoire mérite d’avoir une représentation RN, moi ou un autre peu importe, et non pas soit un député mélenchonniste comme actuellement ou soit comme il y a sept ans avec une macroniste. Je pense que c’est intéressant d’avoir une candidature RN solide et implantée localement. »

Quels sont les sujets que vous souhaitez mettre en avant durant cette campagne ?

« Il y trois axes majeurs qui sont des axes nationaux qui fonctionnent localement. La sécurité, le pouvoir d’achat, l’ordre républicain et une politique migratoire différente que celle que nous connaissons, ce sont les trois piliers de notre campagne. »

Avez-vous aussi des sujets prioritaires pour votre territoire ?

« Le maintien d’activités industrielles sans bien sûr occulter le fait qu’elles peuvent être polluantes. Il faut aller vers une transition énergétique et écologique. Le maintien de l’activité aux Chantiers Navals avec la perspective d’avoir une navale de défense par la construction du porte-avions nouvelle génération en 2038. Un moratoire sur l’éolien en mer et s’il doit y avoir un démantèlement progressif pourquoi pas mais il faut qu’il y ait une reconversion pour les autres sites du bassin. Le maintien de la raffinerie de pétrochimie de Donges dont je sais qu’elle est contestée par les alliés verts du député sortant qui veulent la démanteler.

Aux marges de ma circonscription, maintien et transformation de l’activité de la Centrale thermique de Cordemais en lançant vraiment le projet d’écocombustion ou en passant en petit réacteur modulaire. Le maintien de l’emploi industriel et du service public en zones rurales parce qu’il y a des communes y compris proches de Saint-Nazaire comme Donges où il y a des craintes sur le service public comme par exemple  le service public postal en quasi-fermeture depuis trois ans avec une diminution des horaires d’ouverture. »

Dans quel état d’esprit êtes-vous à l’approche du 1er tour ?

« Mon état d’esprit c’est gravité parce que c’est un enjeu historique et pas simplement politique. Confiance toutefois au vu du score du Rassemblement National sur ce territoire. Jordan Bardella a rassemblé 27 % des suffrages exprimés aux élections européennes dans la circonscription. Normalement, nous sommes censés être en tête et qualifiés au second tour mais pas de triomphalisme, pas d’excès de confiance. L’élection ne se fait pas avant le 1er tour et a fortiori avant le second. On garde la tête froide, on mobilise nos troupes dans les actions militantes. »

Audrey Dufeu, candidate Renaissance-Majorité Présidentielle “On doit défendre les valeurs de la République et de la Démocratie plus que jamais“, suppléant : Bassem Neifar 

Photo Audrey Dufeu

Qu’est-ce qui a motivé votre candidature ?

« A l’annonce de la dissolution et au regard de la montée des extrêmes sur mon territoire de droite comme de gauche, c’est en responsabilité d’ancienne députée que j’ai effectivement souhaité m’engager dans cette campagne des législatives parce que je crois que notre pays a un risque majeur de chaos, que ce soit budgétaire, de chaos sur les valeurs, de chaos sur notre devise républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité ». C’est une candidature de la raison et de la modération, il est important de porter les couleurs de l’union des démocrates. »

Quels sont les sujets que vous souhaitez mettre en avant durant cette campagne ?

« La stabilité de notre système de solidarité, comment on réconcilie les Français aussi avec le débat politique et la démocratie, comment on permet d’augmenter et de préserver toujours encore plus le pouvoir d’achat de nos concitoyens, comment on aide et on apporte des réponses aux problématiques de la vie quotidienne. Je pense particulièrement à la question des mobilités et du logement. « Ensemble pour la République » a des mesures très concrètes pour vraiment avancer sur le pouvoir d’achat, sur les factures d’électricité avec un engagement de la baisse, sur le coût de la rentrée également, pour accompagner les jeunes familles, les jeunes ménages et les primo-accédants aussi pour accéder à la propriété.

L’accès à la santé, j’ai été Vice-Présidente de la Commission des Affaires sociales (entre 2017 et 2022) et garantir l’accès à la santé partout sur le territoire c’est essentiel. Je ne souhaite pas qu’il y ait de médecine à double vitesse et on a eu énormément de choses de faites depuis la sortie du Covid. Evidemment, je souhaite protéger notre système de solidarité et en particulier la sécurité sociale. »

Avez-vous aussi des sujets prioritaires pour votre territoire ?

« Sur notre territoire, on a un bassin industriel, l’industrie navale et l’industrie des éoliennes. On est l’un des premiers producteurs pour la France et pour l’Europe, et même sur certaines chaînes de production au niveau international. Préserver notre économie pour préserver nos emplois industriels, c’est absolument nécessaire. Les programmes proposés par l’extrême-droite et l’extrême-gauche mettent à mal cet équilibre industriel et ce serait terrible et dévastateur pour notre territoire d’avoir des industries qui ne seraient plus en capacité de fonctionner au regard des annonces de mes opposants politiques. »

Dans quel état d’esprit êtes-vous à l’approche du 1er tour ?

« Un esprit combatif, depuis ces trois semaines de campagne, mobilisée sur le terrain et convaincue que l’on doit défendre les valeurs de la République et de la Démocratie plus que jamais. En 2022 déjà, j’avais alerté sur le risque que la circonscription tombe à la NUPES, il cherche à refaire le match sur la circonscription, je serai au rendez-vous, combative plus que jamais. »

Florence Beuvelet, Les Républicains suppléant : Riwan Guillou

Florence Beuvelet, candidat soutenue par les Républicains, Nouvelle Energie veut « que la droite française républicaine, libre et indépendante, sans aucune compromission, se rassemble autour d’un projet tourné vers la liberté qui donne aux gens l’envie d’entreprendre » explique-t-elle sur X.

Eddy Le Beller, candidat Lutte Ouvrière, suppléant : Jean-Claude Saint-Arroman

« Nous ne pouvons pas laisser notre sort dans les mains de politiciens professionnels qui aspirent tous à l’être que les représentants loyaux de la grande bourgeoisie » affirme Eddy Le Beller, de LO.

Xavier Perrin, candidat Divers Gauche, suppléante : Lydia Meignen

Xavier Perrin est candidat afin de « battre le Rassemblement National, défendre nos services publics, nos retraites, nos libertés, nos emplois, notre environnement, notre pouvoir d’achat » indique-t-il sur Instagram.

Propos recueillis par Céline Pollet

À lire également